Lamba forever Mandrakizay

du 8 juillet 2023 au 25 novembre 2023

à Hakanto Contemporary — Alhambra Gallery

Cette exposition montre la pluralité des approches artistiques et la diversité des esthétiques. Les artistes qu’elle réunit ont tous un lien avec le lamba, tantôt un objet de fascination, tantôt d’expérimentation, d’imaginaire, mais aussi de fantasme.

Matière, tissage et émotions, ce fil qui parcourt le temps et toutes les géographies malgaches est un sujet esthétique de premier choix comme un souffle de vie et d’inspiration.

Si le photographe Kevin Ramarohetra confirme à travers ses images l’omniprésence du lamba dans le quotidien de la capitale malgache, les peintres Emile Ralambo et Jean Yves Chen, eux, ont sublimé sous d’autres angles ce rapport permanent au textile dans leurs œuvres respectives. 

Dans d’autres propositions, le lamba est un processus déroutant. Madame Zo, dont la pratique du tissage est nourrie par une suite d’expérimentations, nous confronte à un assemblage de cassettes VHS transformées en mobilier. Le fil du film traverse ainsi une autre temporalité. Face au fauteuil, Joël Andrianomearisoa et Madame Zo nous confirment dans leur installation commune inédite montrée pour la première fois à Madagascar que le lamba textile est un jeu de l’impossible désir… Comme une vie dans laquelle le talon transperce le miroir jusqu’au fil qui s’accroche aux lambeaux d’une ivresse.

L’aspect technique se retrouve dans l’œuvre de Sandra Ramiliarisoa réalisée en polyfloss. Elle illustre une énumération sans fin des pratiques de torsions, de tissages et de nouages.

De manière plus conceptuelle, le bemiray nourrit la démarche de Tsiriniaina Irimboangy dans son installation Sombin-tantara qui rassemble ses éléments de recherche sur le lamba, impulsés par le souvenir marquant de sa grand-mère le portant selon la tradition malgache.


Quant à lui, Gad Bensalem installe, dans son installation, une manière d’appeler le père absent ou défunt, le comédien déconstruit le lamba et tire le fil pour raconter l’histoire
du jeune Doda dans sa quête identitaire, en ressassant le souvenir des femmes qui l’ont élevé et du père qu’il n’a pas connu.


Toujours dans ce registre familial, mais dans une approche architecturale, la plasticienne Nadia Randriamorasata remonte sa généalogie et renoue avec l’histoire de ses origines pour la création de sa pièce : elle prend le parti d’ériger un ensemble d’architectures en hommage à ses figures familiales, notamment paternelle, qui appartiennent désormais au monde des ancêtres.


Les photographies de Christian Sanna clament que le textile peut être à la fois habit de sensualité et parure de culte ; tandis que la pièce vidéo du chorégraphe et danseur Nazaria Tooj exprime l’idée de renaissance.

Ici encore, la géographie n’a plus son importance, H. Ranaivo exhume le linceul traditionnel pour en faire un tailleur de vie. Christian Lacroix se fait broder par les mains malgaches. Clée Rabeharisoa et Charlotte Razafindrakoto suite à leur passage respectif chez Christian Dior et Balmain habillent la haute société des hauts plateaux.
En résonance avec ces créations textiles, l’élégance des sujets portant le lamba photographiés par Ramilijaona et Rasolonjatovo témoigne d’une forme de sophistication autour de cette tradition vestimentaire.

Au-delà des exercices de forme, le lamba s’invite comme des murmures pour nos âmes.
Pour preuve, l’écrivain Jean Luc Raharimanana tisse sa mémoire, sa pensée et ses états d’âme dans ses romans, ses nouvelles et ses essais. Loin d’une œuvre littéraire à laquelle on aurait pu s’attendre, l’auteur présente pour la première fois une série de dessins originaux extraits de ses carnets de notes. 

Artistes exposés : 
Gad Bensalem, Jean-Yves Chen,  Tsiriniana Irimboangy, Charles Edgar Lincoln, Joël Andrianomearisoa, Madame Zo, Nazaria Tooj, Jean-Luc Raharimanana, Alphonse Rakotovao, Gaston Rakotovao, Emile Ralambo, Kevin Ramarohetra, A. Ramiandrasoa, Sandra Ramiliarisoa, Ramilijaona, H. Ranaivo, Nadia Randriamorasata, Rasolonjatovo, Christian Sanna, Clée Rabeharisoa et Charlotte Razafindrakoto. 

Commissaires d’exposition : Joël Andrianomearisoa, Ludonie Velotrasina et Rina Ralay-Ranaivo